Mon rêve d’évêque #2

Retrouvez le deuxième épisode de la série « Mon rêve d’évêque » de Monseigneur Michel, évêque de Valence qui partage en ce début ses rêves pour le diocèse de Valence, et ce que pourrait être son diocèse idéal.

Il les décline en trois thèmes, trois rêves, trois demandes adressées à Dieu : Croire, Dialoguer et Vivre en frères. Après les fondations de notre foi, hier, découvrez aujourd’hui Approfondir le dialogue.

« S’il n’est pas facile de faire changer de sentiment une âme possédée par l’erreur, du moins n’est-il pas absolu­ment impossible que l’erreur s’enfuie quand on met en face d’elle la vérité. » (AH III, 2, 3)

Si nous sommes bien enracinés dans cette foi reçue et nourrie en Eglise, nous pouvons nouer un dialogue authentique avec tous ceux qui viennent frapper à la porte de l’Eglise ou que la vie place sur notre route. Mieux : nous pouvons oser vivre ces rencontres avec des personnes qui ne demandent rien ou qui se tiennent loin de toute référence à Dieu, voire le rejettent. Mais ce n’est pas si simple…

Comment se repérer dans ce monde en pleine transformation, ce continent numérique sur lequel nous habitons désormais, avec tout le cortège de menaces climatiques, de crise sanitaire, de bouleversements économiques et politiques permanents ? Comment ne pas être dérouté par les lois touchant le mariage, la filiation et plus largement la vie humaine et ses limites ?

Nous sentons bien que nos convictions sont marginalisées et que la parole de l’Eglise peine à se faire entendre. Allons-nous céder à la tentation du repli (en imaginant des oasis où nous pourrions vivre à l’abri de ces dérives) ou passer à l’offensive ou nous diluer ?

Au plan de la société, le texte signé par tous les évêques « La fin de vie, un enjeu de fraternité » me paraît emblématique : Même si nous n’avons pas été entendus, nous avons posé clairement devant l’opinion les questions et les interpellations qui nous paraissaient indispensables. Qui sait si cela ne portera pas du fruit à long terme ? En tout cas, rien ne peut nous empêcher d’accomplir notre mission d’éclairer les consciences. Au niveau interpersonnel, l’attitude de Jésus lui-même nous oriente vers des rencontres en vérité, sans jugement sur notre interlocuteur et en même temps, sans abandon de nos repères essentiels.

Un sens du dialogue exigeant

L’Esprit Saint nous guide pour discerner et nous situer à la hau­teur des enjeux de notre société. A une étudiante qui se lance dans des études d’économie, je conseillais dernièrement de fréquenter les auteurs chrétiens actuels qui aident à décryp­ter l’évolution de notre monde, avec un horizon d’espérance, dans la ligne des deux encycliques du pape François Laudato si’ et Fratelli tutti. Par exemple, le jésuite Gaël Giraud qui vient de publier L’économie à venir (un dialogue avec l’écrivain et éco­nomiste sénégalais Felwine Sarr, Ed Les liens qui libèrent, mai 2021) dans lequel il explique que « pour relever l’énorme défi du désastre écologique, il nous faut puiser dans les ressources spirituelles. » Ou encore les apports de Pierre-Yves Gomez. Le témoignage de Soeur Cécile Renouard qui a lancé l’expérience du « parvis des jeunes pros » est également stimulant.

Comprenons bien le sens du dialogue, beaucoup plus exigeant qu’il n’y paraît à première vue. Ce dialogue repose sur la gratui­té, avec la possibilité pour chacun d’exposer son point de vue, dans un climat d’écoute. On ne sait pas à l’avance ce qui en sor­tira. En même temps, ce dialogue fait partie du processus d’an­nonce. L’intuition de saint Paul VI est toujours actuelle : l’évan­gélisation appelle le dialogue avec le monde, et la source de ce dialogue n’est autre que le dialogue de Dieu avec les hommes. « Le dialogue de salut est parti de la charité, de la bonté divine : Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique (Jean 3, 16) ; seul un amour fervent et désintéressé devra susciter le nôtre. » (Ecclesiam suam, N° 75)

Nous découvrons que notre relation au Christ grandit quand nous partageons la joie de le connaître, de l’aimer et de le suivre. Nous ne perdons jamais notre temps en allant rejoindre nos contemporains là où ils vivent, en écoutant leurs question­nements, leurs difficultés et leurs projets, et en leur annonçant l’Evangile. Finalement, nous nous apercevons que comme chré­tiens, nous sommes plus attendus que nous ne l’imaginions. Je m’en suis rendu compte en allant rencontrer quelques agricul­teurs après l’épisode de gel de début avril. De longs temps de dialogue se sont conjugués avec une prière dans les vignes ou au milieu des abricotiers.

Depuis janvier, une fois par mois, à l’évêché, des matinées de rencontre et de dialogue ont eu lieu autour du thème de l’ha­bitat, à la lumière de l’encyclique Laudato si’. Elles réunissaient un petit groupe (contexte sanitaire oblige) d’acteurs situés diffé­remment : présidents d’associations, élus, laïcs engagés… Nous continuons cet automne sur les évolutions de l’agriculture. Lors de la rencontre récente des séminaristes du diocèse avec l’équipe de Biovallée, fleuron de la Drôme, nous avons senti les nombreuses résonnances entre la démarche de cette associa­tion et les interpellations du pape François dans son encyclique. Ce dialogue a poussé Augustin Guendouz, secrétaire général de Biovallée et le référent Eglise verte dans le diocèse à pro­poser un « campus Laudato si’ » pour aller plus loin et travailler lors de week-end les 4 relations fondamentales de Laudato Si’ : relation à soi, relation aux autres, relation à la création, relation à Dieu.

L’enjeu de la jeunesse

Je classerais aussi dans le dialogue avec la société la grande démarche de l’éducation affective, relationnelle et sexuelle ani­mée au sein des établissements catholiques et des groupes de jeunes du diocèse. La grande misère morale des jeunes adoles­cents ne peut nous laisser en repos. L’implication de l’ensemble de notre Enseignement Catholique dans la mise en oeuvre concrète de Laudato si’ est à souligner, car il s’agit d’un regard sur l’homme dans le projet de Dieu Créateur et Sauveur qui vient imprégner la démarche éducative. Nous ne séparons pas les 3 actions d’enseigner, éduquer et évangéliser et nous por­tons sur chaque jeune un regard d’espérance « pour libérer leur coeur et leur intelligence », comme le souligne Xavier Dufour (Enseignant et chrétien, une vocation. Ed de l’Emmanuel, 2021)

Comme nous entrons dans une année de débats en vue de l’élection présidentielle de 2022, n’ayons pas peur de faire en­tendre dans nos engagements la petite musique de l’Evangile.

Monseigneur Pierre-Yves Michel

Evêque du diocèse de Valence

 


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