Mercredi 17 mars

Nous prions avec le monde de la culture. Dominique Joubert, Diacre, organiste titulaire de la cathédrale St Apollinaire de Valence.
Le Dies irae
Le psaume 144 de la messe du jour, nous dit que « le Seigneur est lent à la colère et plein d’amour ».
Aussitôt, en préparant cette pause, m’est venue en tête l’ancienne Séquence des funérailles, qui était chantée avant l’évangile dans la messe avant le Concile (et qui demeure dans le rite extraordinaire), je veux parler du Dies Irae.
Dans l’esprit populaire, le Dies Irae, était la parfaite illustration de la colère de Dieu au jugement dernier face aux pécheurs non repentis.
Ladite séquence est longue et on a souvent retenu que cette colère implacable de Dieu.
En fait seuls les 2 premiers versets traitent de ce sujet sur les 17 que comporte la séquence.
Et, la lisant, on s’aperçoit qu’elle comporte beaucoup plus de versets qui invoquent l’amour de Dieu et demandent sa miséricorde :
« Jour de colère, que ce jour-là
Où le monde sera réduit en cendres,
Selon les oracles de David et de la Sibylle.
Quelle terreur nous saisira
lorsque le Juge apparaîtra
pour tout juger avec rigueur !
Le son merveilleux de la trompette,
se répandant sur les tombeaux,
nous rassemblera au pied du trône.
La Mort, surprise, et la Nature
verront se lever tous les hommes
pour comparaître face au Juge.
Le livre alors sera ouvert,
où tous nos actes sont inscrits ;
tout sera jugé d’après lui.
Lorsque le Juge siégera,
tous les secrets seront révélés
et rien ne restera impuni.
Dans ma détresse, que pourrai-je alors dire ?
Quel protecteur pourrai-je implorer ?
alors que le juste est à peine en sûreté…
Ô Roi d’une majesté redoutable,
toi qui sauves les élus par grâce,
sauve-moi, source d’amour.
Rappelle-toi, Jésus très bon,
que c’est pour moi que tu es venu ;
Ne me perds pas en ce jour-là.
À me chercher tu as peiné,
Par ta Passion tu m’as sauvé.
Qu’un tel labeur ne soit pas vain !
Tu serais juste en me condamnant,
mais accorde-moi ton pardon
lorsque j’aurai à rendre compte.
Vois, je gémis comme un coupable
et le péché rougit mon front ;
Seigneur, pardonne à qui t’implore.
Tu as absous Marie-Madeleine
et exaucé le larron ;
tu m’as aussi donné espoir.
Mes prières ne sont pas dignes,
mais toi, si bon, fais par pitié
que j’évite le feu sans fin.
Place-moi parmi tes brebis,
Garde-moi à l’écart des boucs
en me mettant à ta droite.
Quand les maudits, couverts de honte,
seront voués au feu rongeur,
appelle-moi parmi les bénis.
En m’inclinant je te supplie,
le cœur broyé comme la cendre :
prends soin de mes derniers moments.
Jour de larmes que ce jour-là,
où, de la poussière, ressuscitera
le pécheur pour être jugé !
Daigne, mon Dieu, lui pardonner.
Bon Jésus, notre Seigneur,
accorde-lui le repos. Amen. »
Les musiciens ont souvent retenu les deux premiers versets dans leurs œuvres dites « libres » c’est-à dire non spécialement conçues pour la liturgie.
Le thème musical, très célèbre a servi de repère dans de nombreuses œuvres destinées à faire
frissonner le public.
Mais déjà au XVème siècle, l’air était utilisé dans une chanson : « J’ai vu le loup, le renard » (ce qui rappellera aux personnes de mon âge qu’elle fut reprise par des groupes folk dont « Malicorne » dans les années 1975 !)
Le XIXème siècle fut l’âge d’or de ce thème ; ainsi, on le trouve traité par Berlioz dans la « Symphonie Fantastique », Franz Liszt dans sa « Danse Macabre » et son étude pour piano « Vision » ou encore « Czardas macabre », Tchaïkovsky dans « Les gouffres de l’Enfer », Moussorgsky « Chants et danses de la mort », Gustav Mahler, Charles Gounod et quelques autres encore !
Il est étonnant que ces musiciens aient toujours traité le début du thème cherchant ainsi à impressionner ou faire peur !
Berlioz le met même en scène dans une scène païenne, puisqu’il s’agit d’une nuit de pleine lune au cours de laquelle les sorcières vont recevoir leur pouvoir maléfique auprès du diable lui-même !
Quelques autres n’ont traité que la partie douce et paisible qui est le dernier verset sur lequel cette séquence s’achève :
Pie Jesu Domine (Bon Jésus, notre Seigneur, accorde-lui le repos. Amen.)
Ce sera le cas entre autres de Gabriel Fauré dans son Requiem ou encore Maurice Duruflé.
Comme dans les lectures du jour, nous passons des menaces à l’apaisement. Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais personnellement, je me sens mieux à l’écoute des paroles de Jésus
dans l’évangile : «Amen, amen, je vous le dis : l’heure vient – et c’est maintenant – où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. »
Retrouvons donc l’antienne du psaume 144 et accueillons-là en nos cœurs pour nous guider en ces jours : « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour »
Grégorien, thème original :
J’ai vu le loup, le renard chanter :
Franz Liszt (1811-1886) : « Totentanz » (le thème est exposé aux cuivres dès le début de l’œuvre)
Franz Liszt (1811-1886) : « Czardas macabre »
Hector Berlioz (1803-1869) : Final de la Symphonie fantastique (le thème du Dies Irae arrive à 3’23) « Songe d’une nuit de sabbat » :
Giuseppe Verdi (1813-1901) : « Dies Irae » (ici pas de référence au chant grégorien, seules les paroles des premiers versets de la séquence sont utilisées)
Gabriel Fauré (1845-1924) : « Pie Jesu » extrait du Requiem (dernier verset de la séquence)
Maurice Duruflé (1902-1986) : « Pie Jesu » extrait du Requiem (dernier verset de la séquence)
« Je t’ai établi, pour que tu sois l’alliance du peuple, pour relever le pays »
Lecture du livre du prophète Isaïe 49, 8-15
Ainsi parle le Seigneur :
Au temps favorable, je t’ai exaucé,
au jour du salut, je t’ai secouru.
Je t’ai façonné, établi,
pour que tu sois l’alliance du peuple,
pour relever le pays,
restituer les héritages dévastés
et dire aux prisonniers : « Sortez » !
aux captifs des ténèbres : « Montrez-vous » !
Au long des routes, ils pourront paître ;
sur les hauteurs dénudées seront leurs pâturages.
Ils n’auront ni faim ni soif ;
le vent brûlant et le soleil ne les frapperont plus.
Lui, plein de compassion, les guidera,
les conduira vers les eaux vives.
De toutes mes montagnes, je ferai un chemin,
et ma route sera rehaussée.
Les voici : ils viennent de loin,
les uns du nord et du couchant,
les autres des terres du sud.
Cieux, criez de joie ! Terre, exulte !
Montagnes, éclatez en cris de joie !
Car le Seigneur console son peuple ;
de ses pauvres, il a compassion.
Jérusalem disait :
« Le Seigneur m’a abandonnée,
mon Seigneur m’a oubliée. »
Une femme peut-elle oublier son nourrisson,
ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ?
Même si elle l’oubliait,
moi, je ne t’oublierai pas.
– Parole du Seigneur.
Psaume 145, 8-9, 13cd-14, 17-18
R/ Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour.
Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.
Le Seigneur est vrai en tout ce qu’il dit,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent,
il redresse tous les accablés.
Le Seigneur est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Il est proche de ceux qui l’invoquent,
de tous ceux qui l’invoquent en vérité.
« Comme le Père relève les morts et les fait vivre, ainsi le Fils fait vivre qui il veut »
Gloire à toi, Seigneur,
honneur, puissance et majesté !
Moi, je suis la résurrection et la vie,
dit le Seigneur.
Celui qui croit en moi ne mourra jamais.
Gloire à toi, Seigneur,
honneur, puissance et majesté !
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 5, 17-30
En ce temps-là,
après avoir guéri le paralysé un jour de sabbat,
Jésus déclara aux Juifs :
« Mon Père est toujours à l’œuvre,
et moi aussi, je suis à l’œuvre. »
C’est pourquoi, de plus en plus,
les Juifs cherchaient à le tuer,
car non seulement il ne respectait pas le sabbat,
mais encore il disait que Dieu était son propre Père,
et il se faisait ainsi l’égal de Dieu.
Jésus reprit donc la parole. Il leur déclarait :
« Amen, amen, je vous le dis :
le Fils ne peut rien faire de lui-même,
il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ;
ce que fait celui-ci,
le Fils le fait pareillement.
Car le Père aime le Fils
et lui montre tout ce qu’il fait.
Il lui montrera des œuvres plus grandes encore,
si bien que vous serez dans l’étonnement.
Comme le Père, en effet, relève les morts
et les fait vivre,
ainsi le Fils, lui aussi, fait vivre qui il veut.
Car le Père ne juge personne :
il a donné au Fils tout pouvoir pour juger,
afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père.
Celui qui ne rend pas honneur au Fils
ne rend pas non plus honneur au Père, qui l’a envoyé.
Amen, amen, je vous le dis :
qui écoute ma parole
et croit en Celui qui m’a envoyé,
obtient la vie éternelle
et il échappe au jugement,
car déjà il passe de la mort à la vie.
Amen, amen, je vous le dis :
l’heure vient – et c’est maintenant –
où les morts entendront la voix du Fils de Dieu,
et ceux qui l’auront entendue vivront.
Comme le Père, en effet, a la vie en lui-même,
ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir, lui aussi, la vie en lui-même ;
et il lui a donné pouvoir d’exercer le jugement,
parce qu’il est le Fils de l’homme.
Ne soyez pas étonnés ;
l’heure vient
où tous ceux qui sont dans les tombeaux
entendront sa voix ;
alors, ceux qui ont fait le bien sortiront
pour ressusciter et vivre,
ceux qui ont fait le mal,
pour ressusciter et être jugés.
Moi, je ne peux rien faire de moi-même ;
je rends mon jugement d’après ce que j’entends,
et mon jugement est juste,
parce que je ne cherche pas à faire ma volonté,
mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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