Pierre Lambert : « Ma vie a été une joie perpétuelle, la joie de représenter le Seigneur »

Le père Pierre Lambert est décédé ce dimanche 8 janvier 2023. Retrouvez les éléments marquants de ses 97 années de vie entre jeunesse engagée, sport, résistance et sacerdoce.

Pierre Lambert est né en mars 1925, le second d’une famille de quatre garçons. Son père, Maxime, soldat pendant la guerre 14-18, épousa Madeleine après avoir été démobilisé en 1919. Il reprit l’usine de confection de chemises et pantalons de travail de son beau-père, Séverin Ferrier, rue Corcelle à Valence.  La famille habite chemin de ronde où Madeleine, engagée au service des personnes en difficulté, circule à vélo, en jupe-culotte pour participer activement aux actions catholiques et visiter les prisonniers.

Avec Jean, son frère ainé, Pierre sillonne le département à vélo, jusqu’à parcourir 150 kilomètres dans la journée. Il devient scout en sixième et en ressentira les bienfaits toute sa vie. En préparant sa promesse, il est marqué par les temps de réflexions sur l’engagement à servir Dieu dans l’Eglise et les rencontres avec les différents aumôniers du mouvement. Sa mère jouera également un rôle capital dans sa vocation, invitant à la prière familiale tous les soirs et à la messe chaque dimanche. Elle est aussi l’exemple de la mise en pratique des valeurs de l’Evangile car elle se met au service des personnes en difficulté avec générosité. Pierre éprouve le désir d’être prêtre tout jeune, mais c’est seulement à 14 ans qu’il en parlera à Madeleine, qui priait secrètement pour que Dieu appelle un de ses garçons au sacerdoce.

C’est en 1943 que Pierre entre dans la résistance, il a 18 ans. Il distribue, sous le manteau, à la sortie des messes du dimanche, le journal clandestin de la résistance « Témoignage Chrétien ». Il fait, par la suite, différentes missions de renseignement autour de Valence. En 44, il rejoint le maquis pour des missions de sabotage ou d’approvisionnement autour de Valence puis il est chargé de défendre l’accès du Vercors par le col de Tourniol, au camp de Léoncel. En juillet, il échappe sans le savoir à deux reprises aux exactions des Allemands. D’abord à Vassieux le 21 et dans le canton de La Chapelle-en-Vercors, puis à la grotte de la Luire le 27. La grotte était alors aménagée en hôpital clandestin. La veille de la tuerie, Pierre y avait amené un camarade blessé. Pierre avait insisté pour repartir rapidement avec lui sans passer la nuit sur place. Il ne sut que plus tard les atrocités commises à la grotte de la Luire où il avait confié à l’aumônier de l’hôpital son désir d’être prêtre. Pendant une quinzaine de jours l’ennemi a massacré la population civile du canton dans l’objectif de se débarrasser des maquisards et d’assurer un éventuel repli des troupes allemandes sur le plateau du Vercors. Or les maquisards étaient réfugiés dans les forêts alentours et les Alliés, débarqués en Provence, libèrent la région, aidés de la résistance. (Valence est libéré le 31 août 1944). Pierre sera décoré de la Croix-de Guerre avec palmes pour son action dans une embuscade sur la route de Chabeuil-Romans lors de la libération de la Drôme. Toutefois, il choisit de poursuivre l’action jusqu’à la victoire et entre dans le 5ème régiment de dragons, envoyé dans les Alpes pour libérer la Maurienne puis dans la région de Barcelonnette. Il participe là, à une guerre de chasseurs alpins. Pierre deviendra brigadier-chef à Chambéry et moniteur de gymnastique et de lutte française, à l’occasion d’un repos bien mérité. Il part en Autriche, nommé Maréchal des logis pour l’occupation et sera démobilisé le 23 décembre 1945.

« Mes copains me disaient : « Pourquoi tu veux te faire curé ? », ils m’appelaient l’élastique pour l’ecclésiastique. »

« Je voyais tellement qu’il y avait besoin de mettre du bonheur dans la vie des gens et dans la vie même de l’Eglise que j’ai voulu y participer. »

Sans attendre, Pierre entre au séminaire le 8 janvier 1946, à 21 ans. Le changement de vie est difficile pour le jeune homme qui se retrouve isolé après trois années d’activités dangereuses mais exaltantes pour lesquelles des responsabilités importantes lui étaient confiées. Aidé par la prière constante et l’amitié des autres séminaristes, il passe donc les six années à étudier avec la joie de se préparer à sa vie future. L’ambiance y est très fraternelle et le sport collectif est pratiqué – heureusement pour « l’élastique » – très souvent. Ses vacances d’août 1950 il reliera Valence à Rome à vélo avec deux autres séminaristes, soit près de 2600 kilomètres aller-retour. Pierre est aussi toujours prêt à divertir ses camarades. Le jour où il reçoit la soutane, il exécute le saut périlleux et fait rire tous ses compagnons à l’exception de son supérieur. Plus tard, une blague de ses compères séminaristes lui vaudra de retarder la date de son ordination diaconale.

L’ordination sacerdotale a lieu le 29 juin 1951, pour Pierre c’est un évènement indescriptible, tant il est merveilleux. « Le plus beau jour de ma vie » dira sa maman, la première à recevoir sa bénédiction. La première messe célébrée par le père Pierre Lambert se déroule le lendemain, à l’Institution Notre-Dame, en présence de sa famille, ses amis, tous les anciens scouts, entouré des deux prêtres qui ont vu naître son désir de devenir prêtre à son tour.

20 ans auprès de la jeunesse

Sa première nomination est à Saint-Jean-en-Royans, dans une troupe scoute. Dans la paroisse de Saint-Jean, il est aumônier de la JAC (Jeunesse Agricole Chrétienne), assure aussi le catéchisme de l’école publique et de l’école privée du côté des garçons. Il initie à cette occasion une petite révolution et réussi à réunir les enfants des deux établissements. Le catéchisme a lieu le jeudi matin au centre paroissial de Saint Joseph. Dans la même idée, profitant d’une subvention exceptionnelle pour emmener les Cœurs Vaillants à la neige, il invite le groupe public des Francs Camarades à se joindre au camp. L’occasion est donnée aux enfants d’apprendre à se connaître et à s’estimer. Dans son apostolat, Pierre est heureux de pratiquer le ski, il organise régulièrement des sorties avec les adolescents à Fond d’Urle et participera aussi, avec deux autres amis du ski-club du Royans, à la fondation de la station. Camps de ski, compétition avec les ski-club de Villars, Romans et Die, Pierre apprend à skier à de nombreux enfants dont quelques-uns deviendront moniteurs ou directeurs de la station ou même championne olympique ! C’est le cas de Perrine Pélène, alors enfant de très bons amis. Tandis que l’été, il organise des camps à la mer, aux Saintes-Marie.

C’est grâce à sa fidèle camionnette que ces multiples sorties pour la jeunesse sont possibles. Mais le père Pierre est aussi motard, il se déplace principalement en moto. Ayant le goût du défi, il remporte la troisième place d’une course en Motobécane 350.

A Montélimar, Pierre apprend aux enfants des Cœurs Vaillants à patiner. Ils défilent dès lors, en patins à roulettes, chaque semaine, dans les rues de la ville en chantant leur hymne et suscitent ainsi de nombreux engagements. Dans cette dynamique, aidé du comité des parents, il fait construire un bâtiment pour recevoir les colonies d’enfants et d’adolescents de la paroisse à Montpezat, en Ardèche.

A Romans, le père Pierre poursuit sa mission auprès des jeunes. Il s’occupe activement des adolescents (réunions spirituelles, week-ends et camps) et multiplie les occasions de rencontres fraternelles, soutenu par le club : « Action et Amitié » qu’il a créée.

Il reçoit la médaille de la Jeunesse et des Sports pour la création de la station de Fond d’Urle, la construction de la colonie de Montpezat et toutes ses activités avec la jeunesse.

30 ans de management paroissial

A Nyons et dans les Baronnies, le nouveau curé Lambert opère toujours en bonne intelligence avec un ensemble de laïcs, que ce soit pour le caté, les camps ou les projets de créations. Les hommes et les femmes sont heureux de participer à la vie de leur paroisse. Il fait construire un grand centre paroissial: le Centre Saint-Vincent. Il développe des expériences œcuméniques enrichissantes avec le pasteur : ils font chaque année, un « échange de chaires » et expérimentent un catéchisme commun pour les CP et CE.

De retour à la Chapelle en Vercors, il devient curé du Vercors et arpente pendant deux ans le territoire pour connaître ses paroissiens. Le conseil paroissial est très dynamique et efficace. Il réalise la réunion des cinq paroisses qui devient la paroisse Notre-Dame du Vercors. Il célèbre les messes dans chaque village et visite les personnes âgées et les malades. Pierre prend soin d’accueillir les touristes et les résidents saisonniers qui en profitent « pour faire leurs Pâques au 15 août ».

Le père Pierre fera trois années supplémentaires dans la paroisse de Sainte-Marie-en-Royans-Vercors avant une retraite active dans le Vercors. Il y célèbre les messes, mariages et baptêmes au service des familles qu’il avait fréquentées pendant trente ans. Il est heureux et très bien entouré.

Pierre et un homme de cœur, sportif (skieur invétéré) et jovial. Il aime organiser, rassembler et vivre la fraternité.

BIOGRAPHIE

Décoré de la Croix de Guerre avec Palmes et de la légion d’honneur

10 mars 1925 : Naissance

29 juin 1951 : Ordination

Juillet 1951 : Nomination à Saint-Jean-en-Royans

Septembre 1953 : Nomination à Livron

1954 : Nomination à Montélimar dans la paroisse de Sainte-Croix

1960 : Nomination à Romans dans la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes.

Médaille de la Jeunesse et des Sports

1970 : Nomination en tant que curé pour le secteur de Nyons, des Baronnies et des paroisses de Vinsobres et de Saint-Maurice.

1986 : Nomination en tant que curé du Vercors. Il y fête ses 50 ans de sacerdoce.

2003 : A 78 ans, retraite active au sein de la nouvelle paroisse de Sainte-Marie-en-Royans-Vercors. Il y fête ses 65 ans de sacerdoce.

2016 : Retour à Valence, à la maison de retraite Delessert.


Le Secours Catholique agit contre la pauvreté et en faveur de la solidarité en soutenant les plus fragiles à travers un accompagnement financier et convivial pour sortir de l’isolement. 

C’est un mouvement d’Eglise mais aussi reconnu par l’Etat pour sa dimension caritative. 

Il est donc reconnu comme un acteur de la société civile ouvert à tous sans prosélytisme.

« Dans ce temps de l’avent nous sommes appelés à ouvrir l’horizon de notre cœur, à   nous faire surprendre par la vie qui se présente chaque jour avec ses nouveautés »

Pape François

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